USC1936 vous propose une petite parenthèse rétro en survolant la carrière du joueur tchèque Jaroslav Plasil, dont la technique raffinée aura marqué les mémoires en France. Au cours de sa carrière, le milieu de terrain sera passé de Duvauchelle à la finale de la LDC avec l'AS Monaco en quelques mois seulement.
Nous sommes le 23 janvier 2003, et le gratin de l'US Créteil a rendez-vous au terrain d'entraînement. Armand Lopes, le président, mais aussi Alain Pedretti et Henri Camous, respectivement président délégué et directeur administratif du club, ont décidé de pointer leur nez pour accueillir deux nouvelles recrues. Il s'agit de Sébastien Grégori, prêté par l'OM, et Jaroslav Plasil, alors âgé de 21 ans, prêté par l'AS Monaco.
Troisièmes du classement à la 10ème journée, les Béliers n'ont cessé de dégringoler au classement depuis. La situation n'est pas encore catastrophique, mais il faut réagir. "C'est moi qui l'ai fait venir à Créteil à la trêve", se souvient Stéphane Porato, le portier des Jaune et Bleu lui aussi prêté par l'ASM.
"Je me suis retrouvé dans le bureau des dirigeants de Monaco pour qu'il nous rejoigne. Je l'avais un peu pris sous mon aile et je savais que c'était un super joueur. Et comme il avait peu de temps de jeu, c'était une belle opportunité. Noel Tosi, le coach de Créteil, est venu me voir en me demandant si j'étais sûr de moi. Je lui ai dit : "Faites le jouer, il s'occupera tout seul de me donner raison'".
Acteur dans seulement 8 matchs de L1 avec l'ASM en un an et demi, le jeune milieu de terrain a faim, comme le témoignent ses quelques mots accordés au Parisien à l'époque : "Mes rares apparitions en Ligue 1 ou en CFA ne suffisent pas pour vraiment progresser. Je n'ai pas beaucoup d'expérience, mais je vais donner mon maximum pour jouer le plus de matchs possible en Ligue 2".
"Malgré son âge, c'était un garçon d'une grande maturité" nous raconte Bernard Bouger, attaquant de l'USC cette année-là. "Même s'il venait de Monaco, il est arrivé avec beaucoup d'humilité. Il avait de grandes qualités et c'était quelqu'un de travailleur, toujours à la recherche de la perfection. Quand on faisait des séances devant le but ensemble, il était très talentueux, très adroit des deux pieds, je l'aurais plutôt vu un peu plus haut sur le terrain. En plus sur le plan athlétique, c'était quelqu'un d'infatigable".
Chose promise, chose due : Jaro donne son maximum. Et malgré un effectif important de 32 joueurs, il participe à 14 des 16 rencontres restantes à jouer. Incontournable en cette fin de saison, il n'est remplacé qu'à 4 reprises, même s'il ne marque aucun but.
Malheureusement, il n'empêchera pas la chute vertigineuse des Jaune et Bleu au classement, qui termineront cette année à la place de premier non relégable, distançant de 5 petits points de la zone rouge.
A l'issue de son prêt, "Jaro" rentre à Monaco où l'attendent Ludovic Giuly, Jérôme Rothen, ou encore "Nando" Morientes, ainsi qu'un certain Patrice Evra.
Le 17 septembre 2003, il découvre ainsi avec les Rouge et Blanc la Ligue des Champions à Eindhoven, entrant à la 73ème minute de jeu. Quelques semaines plus tard, il participe au festival offensif de Monaco face au Deportivo La Corogne (8-3) et marque son premier but en Europe.
Qualifié pour les huitièmes de finale avec le club du Rocher, Jaro ne sera pas du groupe à Moscou. Ce qui sera le seul match qu'il devra regarder devant la télévision, de toute la compétition. En quarts, les Monégasques rencontrent le grand Real Madrid de Raul, Figo, ou encore Ronaldo.
A l'aller , alors que les assémistes sont menés 4-1, il dépose un caviar sur la tête de Morientes, et permet aux siens de rêver à l'exploit. Titulaire au retour, Jaro et ses coéquipiers réaliseront l'immense performance la semaine suivante sous la forme d'une improbable remontada."Après l'entraînement, on est parti en jet le voir jouer contre Madrid avec Patrick Blondeau et Stéphane Porato, et ils avaient fait un match magnifique contre les Galactiques. Il y avait Beckam, Zidane, c'était pas rien !" se rappelle Sébastien Grégori (US Créteil, 2003-07). "C'était un petit bijou, Jaro".
Jaro participe ensuite à la bataille de Stamford Bridge face au Chelsea de Marcel Desailly, et parvient jusqu'en finale, au prix d'un nouvel exploit formidable.
Il y rencontre le Porto de Jose Mourinho et... Carlos Secretario, mais devra regarder le match depuis le banc jusqu'au coup de sifflet final.
"Jaro était tout heureux de son parcours en Ligue des Champions et d'avoir pu enchaîner après Créteil, mais il restait ambitueux et savait qu'il avait encore des progrès à faire. C'était un éternel insatisfait qui cherchait toujours à progresser, apprendre, améliorer les détails... Dans sa façon d'aborder ce métier, il ne pouvait que réussir, d'autant plus que humainenement c'est une très bonne personne. C'est pour ça qu'il a pu faire une formidable carrière de plus de 700 matchs au très haut niveau". B. Bouger
Jaroslav restera à Monaco jusqu'en 2008, avant de rejoindre son club actuel, les Girondins de Bordeaux en 2010. Il y jouera 10 longues saisons puis intègrera le staff de la réserve, il y a quelques semaines.
Il aura au total joué près de 750 matchs dans sa carrière, dont plus de 500 en première division. Une carrière qui force l'admiration et le respect !